Chronique de l’arbitraire par RE

Effet cocktail

Le gaz lacrymogène peut entraîner des blessures au yeux, à la peau, une détresse respiratoire.

Le Taser a déjà tué.

Et la combinaisons des deux accroît encore leur dangerosité.

Un effet cocktail dont a été victime un jeune homme contrôlé au petit matin le 29 mai au Havre par deux policiers municipaux qui affirment avoir été frappés et ont fait usage simultanément d’une gazeuse et d’un pistolet électrique.

Résultat, l’adolescent a pris feu, gravement brûlé au torse et au visage, il est depuis hospitalisé au CHU de Rouen.


Lorsque la justice légitime la violence

Juin 2020, Diatou M., enceinte de 7 mois, sans masque ni titre de transport est contrôlée par les agents de la sûreté ferroviaire en gare RER d’Aulnay-sous-Bois.

Les agents assurent avoir ignoré sa grossesse et l’accusent d’outrage et rébellion pour justifier leur violence lorsqu’ils l’ont expulsée de la zone tarifaire via les tourniquets parce qu’elle n’empruntait pas la bonne sortie, puis dégagée de la gare et mise à terre par la force pour être interpellée.

Deux ans après, le parquet de Bobigny a requis trois mois de prison avec sursis contre Diatou.

Arié Alimi l’avocat de la jeune femme explique « La réalité de ce dossier, c’est la volonté d’humilier une jeune femme parce qu’elle n’a pas emprunté le chemin qu’ils ont voulu, de la soumettre. Il s’agit de discipliner le corps d’une femme enceinte, noire, qui n’a pas commis d’infraction pénale à part les contraventions de départ. Elle a été envoyée au tribunal pour éteindre sa parole et la clameur publique. »

Verdict le 15 septembre.


On n’oublie pas

Fin juin, a eu lieu au Tribunal de Paris le procès des trois flics qui ont causé la mort d’Amadou Koumé, 33 ans, interpellé dans un bar, la nuit du 6 mars 2015.

Après un classement sans suite , la famille avait porté plainte avec constitution de partie civile, ce qui avait relancé l’enquête.

Le visionnage des vidéos montrant les policiers en train de pratiquer deux clés d’étranglement sur Amadou, puis de le maintenir face au sol en pressant sur sa cage thoracique, menotté et entravé aux pieds, pendant plus de 6 minutes et les témoignages des proches qui ont expliqué qu’Amadou avait des problèmes psychologiques depuis un séjour en prison mais qu’il n’était jamais violent, ont contraint les juges à retenir contre les policiers la « négligence coupable ».

Ils risquent un an de prison avec sursis.

Délibéré le 20 septembre.


6 ans après la mort d’Adama Traoré le dossier judiciaire s’est enlisé : aucune mise en examen n’a été décidée alors qu’un expertise médicale commandée par les juges met en cause les gestes des 3 gendarmes qui l’ont interpellé.

Le comité justice et vérité pour Adama et ses proches ont à nouveau défilé nombreux à Beaumont le 2 juillet et annoncent une reprise en force de la mobilisation en septembre.


En janvier 2021, Merter Keskin, 35 ans, est mort dans une cellule du comico de Sélestat (Bas-Rhin) où les flics l’avaient enfermé après l’avoir interpellé suite à un appel de son ex-compagne car il s’était rendu à son domicile alors qu’il n’en avait pas le droit.

Pour les flics, son décès est du à une prise de cocaïne mais l’avocat de la famille a demandé une contre expertise au juge chargé de l’instruction car son corps présentait des traces de violences.

Pour l’instant, l’affaire n’avance pas.

Peut-être que les images de vidéo-surveillance de sa cellule de GAV, révélées à la presse en juin, qui montrent que les flics l’ont soumis à un plaquage ventral pendant plus de 3 minutes, vont-elles changer la donne ?


#RésistonsEnsemble