Rapport d’activité de l’IGPN

La police des polices peut encore mieux faire !

Le 27 / 07 / 2022 par l’ACAT FRANCE

Un effort de transparence de l’institution

En 2021, 6003 signalements ont été déposés sur la plateforme en ligne de l’IGPN dont 72% jugés recevables. Les signalements les plus souvent relevés concernent un usage excessif de la force, le manque de courtoisie et des refus de plainte.

L’IGPN a été saisie de 1093 enquêtes judiciaires dont 47% concernent des allégations de violences, principalement lors d’interpellations, de contrôles et de manifestations.

37 condamnations de policiers ont été recensées à Paris en 2021. Ce chiffre est en nette augmentation par rapport à l’année 2020 qui ne comptait que 23 condamnations de policiers. Seulement, aucune précision n’est fournie par l’IGPN quant aux motifs de ces condamnations et aux peines prononcées.

En parallèle des enquêtes judiciaires, l’IGPN peut également mener des enquêtes internes. En 2021, cette dernière a été saisie de 176 enquêtes administratives. Ces enquêtes sanctionnent les manquements à la déontologie professionnelle : 728 manquements ont été relevés contre 520 en 2020. Les manquements au devoir d’exemplarité, de probité et pour un usage disproportionné de la force sont les plus fréquents. A l’issue de ces enquêtes, 75 agents ont été révoqués définitivement de la police.

Un recensement encore parcellaire et orienté

L’usage de l’arme individuelle est en légère hausse en 2021 tandis que les déclarations d’emploi du LBD (lanceur de balles de défense)  et des grenades à main de désencerclement (GMD) diminuent. Il est à noter que les données d’usage de ces armes reposent sur le principe de la déclaration. Les policiers doivent inscrire au TSUA (traitement relatif au suivi de l’usage des armes) les tirs réalisés avec leurs armes. Ces déclarations reposent ainsi sur la bonne volonté et la connaissance de l’outil par les fonctionnaires et les chiffres publiés par l’IGPN sont donc à nuancer.

Depuis 2017, les personnes blessées ou décédées au cours d’une opération de police sont recensées dans le fichier RBD (recensement des particuliers blessés ou décédés). En 2021, 37 personnes sont décédées au cours d’une opération et 79 personnes ont été blessées. Ces chiffres sont en augmentation par rapport à l’année 2020 qui comptabilisait 32 décès et 78 blessés. Ces chiffres sont encore une fois à relativiser. Le fichier RBD ne permet de recenser les particuliers blessés seulement si ces faits ont donné lieu à l’ouverture d’une enquête judiciaire et si les blessures ont engendré une ITT égale ou supérieure à 9 jours. De nombreuses blessures sont ainsi écartées volontairement du décompte présenté par l’IGPN.

Enfin pour chaque décès, l’IGPN présente succinctement les faits quitte à privilégier les versions favorisant l’hypothèse de la légitime défense. Ainsi, le 4 août 2021, l’IGPN mentionne le décès d’un jeune de 19 ans à Marseille ayant tenté de prendre la fuite lors d’un contrôle routier. Si l’affaire a été rapidement classée sans suite par l’autorité judiciaire qui avait privilégié la thèse de la légitime défense, une plainte a été déposée par les proches de la victime en février 2022 à l’encontre de l’IGPN et a permis la réouverture de l’enquête préliminaire. Selon la procureure de la République, le motif de la légitime défense ne serait finalement pas prouvé.

La nécessaire réforme de cette institution

Récemment, Agnès Thibault-Lecuivre a été nommée nouvelle cheffe de l’IGPN. Pour la première fois de son histoire, l’IGPN voit arriver une magistrate à sa direction. Sa nomination permet enfin de suivre une recommandation du rapport de la commission d’enquête « relative à l’état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l’ordre » de janvier 2021 qui prévoyait l’ouverture de l’institution à des personnels extérieurs à la police nationale[1]. Cette nomination symbolique doit être le signe d’un commencement de réforme complète de l’IGPN. La priorité doit être donnée à la restauration du lien de confiance entre l’institution et la population.

L’ACAT-France en profite ainsi pour réitérer ses principales recommandations :

  • que les enquêtes judiciaires mettant en cause des agents des forces de l’ordre soient confiées à un organe entièrement indépendant
  • plus de transparence concernant les enquêtes menées et les sanctions qui en découlent
  • que les sanctions prononcées soient justement proportionnées à la gravité des faits reprochés

Chronique de l’arbitraire par RE

Effet cocktail

Le gaz lacrymogène peut entraîner des blessures au yeux, à la peau, une détresse respiratoire.

Le Taser a déjà tué.

Et la combinaisons des deux accroît encore leur dangerosité.

Un effet cocktail dont a été victime un jeune homme contrôlé au petit matin le 29 mai au Havre par deux policiers municipaux qui affirment avoir été frappés et ont fait usage simultanément d’une gazeuse et d’un pistolet électrique.

Résultat, l’adolescent a pris feu, gravement brûlé au torse et au visage, il est depuis hospitalisé au CHU de Rouen.


Lorsque la justice légitime la violence

Juin 2020, Diatou M., enceinte de 7 mois, sans masque ni titre de transport est contrôlée par les agents de la sûreté ferroviaire en gare RER d’Aulnay-sous-Bois.

Les agents assurent avoir ignoré sa grossesse et l’accusent d’outrage et rébellion pour justifier leur violence lorsqu’ils l’ont expulsée de la zone tarifaire via les tourniquets parce qu’elle n’empruntait pas la bonne sortie, puis dégagée de la gare et mise à terre par la force pour être interpellée.

Deux ans après, le parquet de Bobigny a requis trois mois de prison avec sursis contre Diatou.

Arié Alimi l’avocat de la jeune femme explique « La réalité de ce dossier, c’est la volonté d’humilier une jeune femme parce qu’elle n’a pas emprunté le chemin qu’ils ont voulu, de la soumettre. Il s’agit de discipliner le corps d’une femme enceinte, noire, qui n’a pas commis d’infraction pénale à part les contraventions de départ. Elle a été envoyée au tribunal pour éteindre sa parole et la clameur publique. »

Verdict le 15 septembre.


On n’oublie pas

Fin juin, a eu lieu au Tribunal de Paris le procès des trois flics qui ont causé la mort d’Amadou Koumé, 33 ans, interpellé dans un bar, la nuit du 6 mars 2015.

Après un classement sans suite , la famille avait porté plainte avec constitution de partie civile, ce qui avait relancé l’enquête.

Le visionnage des vidéos montrant les policiers en train de pratiquer deux clés d’étranglement sur Amadou, puis de le maintenir face au sol en pressant sur sa cage thoracique, menotté et entravé aux pieds, pendant plus de 6 minutes et les témoignages des proches qui ont expliqué qu’Amadou avait des problèmes psychologiques depuis un séjour en prison mais qu’il n’était jamais violent, ont contraint les juges à retenir contre les policiers la « négligence coupable ».

Ils risquent un an de prison avec sursis.

Délibéré le 20 septembre.


6 ans après la mort d’Adama Traoré le dossier judiciaire s’est enlisé : aucune mise en examen n’a été décidée alors qu’un expertise médicale commandée par les juges met en cause les gestes des 3 gendarmes qui l’ont interpellé.

Le comité justice et vérité pour Adama et ses proches ont à nouveau défilé nombreux à Beaumont le 2 juillet et annoncent une reprise en force de la mobilisation en septembre.


En janvier 2021, Merter Keskin, 35 ans, est mort dans une cellule du comico de Sélestat (Bas-Rhin) où les flics l’avaient enfermé après l’avoir interpellé suite à un appel de son ex-compagne car il s’était rendu à son domicile alors qu’il n’en avait pas le droit.

Pour les flics, son décès est du à une prise de cocaïne mais l’avocat de la famille a demandé une contre expertise au juge chargé de l’instruction car son corps présentait des traces de violences.

Pour l’instant, l’affaire n’avance pas.

Peut-être que les images de vidéo-surveillance de sa cellule de GAV, révélées à la presse en juin, qui montrent que les flics l’ont soumis à un plaquage ventral pendant plus de 3 minutes, vont-elles changer la donne ?


#RésistonsEnsemble

Perdu – de Julia Wright


Perdu …

Il est perdu,
sans celle qu’il aime
et qui vient de mourir.
 
Il roule,
au hasard,
lentement,
ayant perdu
toute joie de vivre.
 
Perdu,
il pose son alliance
à côté de son arme,
à quoi bon
se défendre ?
 
Perdu
dans ses pensées,
il ne les voit pas venir,
il met du temps à saisir.
Qu’a  t-il  fait de mal,
sauf
être Noir
et avoir tout perdu ?
Ce ne sont pas
des balles perdues
qu’il reçoit,
soixante fois,
alors qu’il court dans la nuit.
 
Quand les huit officiers de police
récupèrent le corps,
ils n’ont pas perdu leur temps,
et le menottent
avant de lui donner
les « premiers » soins,
caméra oblige.
 
Ils n’ont pas perdu
de temps
et lui laissent les menottes
avant de le mettre
sous plastique.
 
Son nom n’est pas perdu –
Jayland Walker

#Pour tous nos Jayland Walker

Tirs de policiers à Rosny-sous-Bois 93

Deux enquêtes ont été ouvertes après des tirs de policiers à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), mardi 17 août 2021.

Une scène de panique dans les rues de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Mardi 17 août 2021, des motards de la police nationale ont fait usage de leurs armes de service avenue Jean-Jaures, en face de la passerelle piétonne de la gare RER.

Deux enquêtes ouvertes

Sur une vidéo virale diffusée sur les réseaux sociaux, les deux motards visent une voiture Mercedes classe A qui fait marche arrière et ouvrent le feu à neuf reprises en sa direction. Les policiers tentaient d’intercepter un véhicule en fuite depuis le Val-de-Marne. « Face à la tentative de passage en force du conducteur, les fonctionnaires de police ont été contraints d’ouvrir le feu », justifiait le maire de la Ville Jean-Paul Fauconnet.

Ce mercredi 18 août, les deux motards, membres des effectifs à moto du Val-de-Marne de la Direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) sont visés par une enquête pour « violences volontaires avec arme par personnes dépositaires de l’autorité publique », confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN), a indiqué le parquet de Bobigny à l’AFP.

Quant au fuyard, son véhicule a été retrouvé abandonné peu après les faits. Selon une source policière, il s’est présenté blessé au cou à l’hôpital quelque temps après les faits. Son pronostic vital n’est pas engagé, d’après une source proche du dossier, auprès de nos confrères de BFM Paris.

Agé de 30 ans, il est visé par une enquête pour « refus d’obtempérer aggravé » et « violences avec armes », confiée à la brigade de sûreté territoriale du département. Les policiers, qui ont perquisitionné son domicile, ont interpellé sa compagne et sa sœur une fois que cette dernière ait jeté par la fenêtre un sac contenant un fusil et des munitions, a indiqué une source policière à l’AFP.

 

2 personnes gravement blessées par des tirs de policiers à Stains 93

Deux personnes ont été gravement blessées par des tirs de policiers dans la nuit de dimanche à lundi vers 1h30, au niveau du boulevard Maxime Gorki à Stains (Seine-Saint-Denis). La vidéo des tirs circule et indigne sur les réseaux sociaux. Elle figure parmi les sujets les plus discutés du jour sur Twitter.

Selon la police, à la suite d’un refus d’obtempérer, un équipage de trois policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) de Stains a tenté de contrôler le conducteur d’un véhicule qui, après avoir coupé le contact, a redémarré brusquement. Lors d’une marche arrière, il a percuté un premier policier. Un deuxième policier a alors tenté d’immobiliser le véhicule mais a été entraîné sur plusieurs mètres alors que le conducteur était reparti en marche avant.

Le pronostic vital des passagers n’est plus engagé

Deux policiers ont fait usage de leur arme de service à plusieurs reprises. Le conducteur âgé de 37 ans et sa passagère âgée de 40 ans ont été hospitalisés dans un état critique mais leur pronostic vital n’était plus engagé ce lundi en début d’après-midi. Ils n’ont pas encore pu être entendus par les enquêteurs.

Les policiers, eux, sont désormais en garde à vue dans les locaux de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Deux d’entre eux ont légèrement été blessé. L’un à la main et au genou, l’autre à la cheville. Sur la vidéo partagée sur les réseaux sociaux, il semble qu’aucun élément ne permet d’identifier les policiers, qui ne portent pas de brassard ou n’ont pas allumé de gyrophare.

« Cette vidéo d’une grande violence exige que toute la lumière soit faite sur ce drame. L’utilisation d’arme de service par des policiers ne portant pas leurs brassards officiels n’est pas un acte anodin », réagit le maire PCF de Stains Azzédine Taïbi dans un communiqué.

Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Bobigny. L’une pour tentative d’homicide volontaire, en ayant foncé sur un policier, l’autre pour usage d’arme à feu par les policiers. La sous-direction de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis et l’Inspection générale de la police nationale sont saisies.

 

Message de Mumia pour la journée des victimes de l’esclavage

« Les environnements qui oppriment…

Je vous rejoins tous depuis l’État Américain d’Incarcération de Masse, un État qui impose la pauvreté, l’oppression, le racisme environnemental, la violence policière et la répression exercée par son gouvernement.

Cela n’est guère différent de ce qui arrive à notre frère, Keziah Nuissier en Martinique : la répression d’un gouvernement contre la liberté d’exister.

Il y a de cela plusieurs générations, le mouvement pour les droits civiques a surgi chez nous après la torture brutale et la noyade d’un adolescent Noir, Emmett Till.

Aujourd’hui, un mouvement planétaire pour les droits humains a surgi de la violence policière au ralenti à l’encontre de George Floyd qui est mort quand il avait la quarantaine.
George Floyd … Il est mort d’un genou sur le cou.

D’un adolescent à un quadragénaire, la répression est la même, la haine raciale est la même, l’issue mortifère est la même.

Comment parler de droits humains s’il n’y pas de droit à la vie ?

Cette question se pose à nous depuis la mort de George Floyd, elle se pose dans tout le monde Noir – mais ce n’est ni la première ni la dernière fois.

A une époque de pandémie planétaire, les peuples Noirs et Basanés sont les premiers à tomber malades, les premiers à être mis à la porte de leurs boulots, les premiers à mourir du COVID-19 – mais ils sont les derniers à recevoir les soins médicaux nécessaires et les derniers à être vaccinés.

Où sont nos droits humains dans tout ça ?

Cette question peut se poser à Paris, cette question peut se poser aux États-Unis, cette question peut se poser dans tout le monde Noir.

Nous vous rejoignons en cette journée de résistance  contre toutes les formes de l’esclavage – résistance du monde Noir dont l’un des plus grands avatars fut Frantz Fanon qui a écrit, travaillé et vécu pour ‘les Damnés de la Terre‘.

Pour Keziah !
Libérons Keziah !

Ici Mumia Abu-Jamal depuis la Nation-Prison »

Message enregistré par Johanna Fernandez le 26 Mars à la prison de Mumia Abu-Jamal, SCI Mahanoy

Traduction par Julia Wright

Soutien à Colin KAEPERNICK

MENACES DE MORT ET INSULTES

APRÈS LA DÉCLARATION DE COLIN KAEPERNICK

APPELANT À LA LIBÉRATION DE MUMIA ABU-JAMAL

Depuis la conférence de presse sur Mumia Abu-Jamal ce 16 novembre 2020 à Philadelphie, les syndicats policiers de droite dominés par l’Ordre Fraternel de la Police, proche du KKK, se déchaînent contre la déclaration faite par le footballeur Colin Kaepernick. Ce sportif mondialement connu, depuis qu’il a mis genou à terre en 2016 pendant l’hymne national américain pour protester contre les brutalités policières racistes aux USA, s’est vu privé de tous ses contrats à la suite de ce geste.

La veuve du policier dont la mort fut attribuée à Mumia par une justice raciste aux ordres de l’exécutif, est sortie de son silence accompagnée de son mari actuel, pour faire savoir qu’ils cherchaient à rencontrer l’athlète pour le mettre « sur le chemin de la vérité ». Toute la droite qui vient de surcroît de perdre la Maison-Blanche, voit d’un mauvais œil qu’une personnalité de la stature de Colin Kaepernick sorte le cas Mumia Abu-Jamal de l’ombre et du secret où elle croyait l’avoir définitivement enfermé.

Colin Kaepernick est lynché sur les réseaux sociaux : insultes racistes, incitations à la violence, accusation de terrorisme, appels à décapitation à l’égard des militants du mouvement pour la libération de Mumia.

En France, nous, familles et amies des victimes tuées, blessées et mutilées, par les forces de l’ordre, nous associons à Colin Kaepernick pour exiger la libération immédiate du journaliste d’investigation Mumia Abu-Jamal, persécuté pour avoir été lanceur d’alerte et accusé comme tant d’autres d’un crime qu’il n’a pas commis.

Mumia Abu-Jamal est emprisonné depuis 39 ans, dont 30 en isolement dans le couloir de la mort, pour avoir fait son travail en dénonçant la corruption de la police et les crimes policiers à l’encontre de la communauté noire dans la ville de Philadelphie. …C’est ce que le mouvement militant s’efforce également de faire en  France : recenser les victimes, démasquer les mensonges, combattre les violences policières, mettre en lumière sa dimension raciste, dénoncer les lois et pratiques liberticides.

Pour faire taire la résistance, le gouvernement des USA a procédé à des emprisonnements de masse à partir des années soixante, et dans les années quatre-vingt a eu recours, en pleine ville de Philadelphie, avec des explosifs militaires, à un bombardement de la communauté pacifiste MOVE, laissant sciemment un incendie géant détruire tout un quartier.

Les menaces qui pleuvent sur Colin Kaepernick illustrent le maintien depuis plus d’un demi-siècle de la répression des militants des droits civiques aux USA. De l’assassinat politique à l’emprisonnement politique à vie, en passant par l’exil.

SOUTIEN A COLIN KAEPERNICK,

LIBERTÉ POUR TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES HISTORIQUES DES USA,

FREE MUMIA ABU JAMAL !


CAMPAGNE INTERNATIONALE

Un mail pour exiger la libération de Mumia

Au Gouverneur Tom WOLF

à John WETZEL Secrétaire d’État aux Affaires Pénitentiaires de PENNSYLVANIE

à Larry KRASNER Procureur de PHILADELPHIE

En français :

Mr,

Nous exprimons notre inquiétude face à l’épidémie COVID-19 dont la contagion a franchi les portes de la prison de Mahanoy.

Nous demandons la libération immédiate de Mumia Abu-Jamal et de tous les prisonniers âgés et malades car leur maintien en détention les expose à la mort.

Nous exigeons qu’ils bénéficient d’un geste humanitaire comme cela s’est déjà produit dans plusieurs états américains, y compris en Pennsylvanie.

Merci.

En anglais :

Sir,

We express concern at the COVID-19 pandemic whose contagion has passed through the door of Mahanoy Prison.

We demand the immediate release of Mumia Abu-Jamal and all elderly and sick prisoners as their detention exposes them to death.

We require that they should benefit from compassionate relief as it already happened in several american states, including Pennsylvania.

Thank you.

Newyork tribune 1899

signez la pétition

Cas de force majeure – L’histoire de Michel Z.

« Suite à son lynchage, Michel Zecler s’est empressé, dans la démarche d’apaisement qui conduit sa vie, de dissocier ses agresseurs du reste de la police. Ils se sont pourtant crus autorisés à agir ainsi, conscients de leur impunité. L’indignation du monde politique est quant à elle un moyen de détourner les yeux du public du vrai débat, sur le racisme et les violences systémiques dans la police. »

Par Remedium sur MEDIAPART

Sécurité globale pour les forces de l’ordre, insécurité totale pour tous

Avec la proposition de loi Sécurité globale, le pouvoir a choisi de censurer la diffusion d’images des agents de la force publique pour mieux nier leurs violences. Mais au-delà, ce texte autorise une société de surveillance à laquelle nul n’échappera. Quel est cet État de droit où la police se dissimule et réclame d’étendre ses privilèges, tout en restreignant les droits de chacun et de tous ?

 

« Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit. » Par cette déclaration, le président de la République avait déjà affirmé, le 7 mars 2019, son déni complet d’une dégradation continue des pratiques policières, alors que son mandat a vu se multiplier comme jamais les blessures graves, les mutilations et les décès liés aux interventions des forces de l’ordre.

La proposition de loi Sécurité globale portée par des députés du parti présidentiel pour, entre autres, interdire de fait la diffusion des images de forces de l’ordre en exercice n’est donc pas une surprise.

Le 30 janvier dernier, trois semaines après le meurtre de Cédric Chouviat, le chef de l’État avait récidivé : « Je récuse le terme de violences policières, la violence est d’abord dans la société. » Dans les enregistrements audio et vidéo de son agonie, Cédric répète sept fois « J’étouffe ! » avant de succomber sous l’étreinte des policiers. Des fonctionnaires assermentés qui se concerteront pour établir une déclaration mensongère, désavouée plus tard par ces mêmes enregistrements. Et tout juste nommé ministre de l’Intérieur en juillet dernier, Gérard Darmanin avait choisi l’outrance et l’ignominie pour s’esclaffer devant la commission des lois : « Quand j’entends le mot de violences policières, personnellement, je m’étouffe. »

Cette détermination à étouffer la voix des victimes, à les insulter et à invisibiliser les violences policières n’est pas une surprise. Mais à l’heure où la classe politique revendique une fermeté absolue pour défendre la liberté d’expression, cette volonté affirmée de censure à l’encontre de la liberté d’informer manifeste un paradoxal et sérieux recul des libertés publiques.

Pour nous, familles de victimes et blessé.e.s, le coup est direct. D’Aboubacar Fofana à Cédric Chouviat, le développement des vidéos ces dernières années a été l’unique moyen de réduire à néant les prétextes de « légitime défense » des fonctionnaires mis en cause et d’innocenter des plaignants confrontés à des accusations policières mensongères. Disposer de témoins contredisant la version officielle, comme dans le cas de Wissam El-Yamni, ne suffit pas.

Les vidéos c’est également le combat des familles comme celles de Gaye Camara et d’Ibrahima Bah qui réclament, en vain, l’accès aux enregistrements des caméras de surveillance que la justice leur refuse obstinément. Mais surtout, brandir un portable pour filmer une situation tendue avec des policiers dans nos quartiers est devenu une garantie pour éviter que cela dégénère. Au-delà de la censure, c’est aussi à la pratique d’une autodéfense populaire pacifique contre les violences des forces de l’ordre que s’attaque l’État… de droit.

Cependant, cette proposition de loi ne se limite pas à organiser la dissimulation du comportement des forces de l’ordre. Elle instaure aussi le déploiement massif des caméras-piétons avec possibilité pour leurs porteurs de supprimer les images gênantes ; la démultiplication des caméras-drones dans un fourre-tout juridique qui autorise le partout, tout le temps – et leur utilisation par des services de sécurité toujours plus nombreux – ; la généralisation des expériences de reconnaissance faciale, le développement des marchés de la sécurité privée… Et pour achever le tout, une nouvelle extension d’autorisation du port d’arme pour les policiers, en tout lieu et en dehors des heures de service. Si on n’est pas sur la voie d’un totalitarisme c’est rudement bien imité.

Depuis la révolte des quartiers populaires de l’automne 2005, toutes les lois sécuritaires adoptées n’ont cessé d’étendre le champ juridique de l’impunité policière. Et donc de permettre la répétition des actes illégitimes commis sous uniforme, leur permanence et leur aggravation. En parallèle, on assiste à la militarisation croissante des équipements policiers et à la légalisation progressive de pratiques d’intervention auparavant illégales. Cette détérioration s’est accrue par les procédures de l’état d’urgence de 2015, pérennisées dans le droit commun en 2017, qui se doublent à présent des mesures d’exception de l’état d’urgence sanitaire.

Les violences du confinement du printemps sont encore dans nos mémoires, tout comme l’extraordinaire et historique mobilisation pacifique et spontanée de dizaines de milliers de jeunes à l’appel du comité Adama Traoré en juin dernier. En hommage à George Floyd (encore une vidéo à interdire) et pour dénoncer le racisme et les violences policières dont ils sont quotidiennement témoins et victimes ici, en France. Mais quelques jours plus tard, la grande manif des soignants qui réclamait « plus de fric pour l’hôpital public » s’achevait par « tout le monde déteste la police », en réaction aux agressions des forces de sécurité. Et  aujourd’hui, ce sont des ados qui se font gazer, matraquer et tabasser devant leurs lycées dont ils dénoncent les conditions sanitaires.

Il est plus que temps de sortir de cette spirale sans fin. Ce n’est pas seulement l’article 24 de la proposition Sécurité globale qui est à retoquer, c’est l’ensemble de ce texte et toute la philosophie de cette loi qui est à rejeter. Celle d’un monstre juridico-policier qui légitime la dissimulation des agents de la force publique, pour mieux organiser la surveillance et l’identification permanente tous et de chacun.e. Tous suspects pour la sûreté de l’État.

Ce n’est pas non plus en répétant « police républicaine » en boucle que l’on supprimera l’impunité des propos et actes racistes massifs et répétés au sein des forces de l’ordre ni le maintien en exercice des agents mis en cause dans des homicides ou des violences illégitimes.

Quelle est cette police qui se cache ?

Le port de cagoules et de lunettes noires s’est généralisé ces dernières années parmi les policiers et gendarmes en exercice. Depuis 2018, tous les agents enregistrant les plaintes et les mains-courantes sont autorisés à s’anonymiser via leur numéro RIO. Le même RIO dont le port est obligatoire mais qui est pourtant systématiquement occulté.

Quels sont ces « dépositaires de l’autorité publique » qui voilent leur visage et exigent la dissimulation de leurs propos et actes dans l’espace commun ? Quel est cet ordre dont les forces réclament de changer les lois de l’État de droit pour accroître leurs privilèges et restreindre les droits de la population ?

Aujourd’hui, il est urgent de contrer l’autoritarisme débridé et la société de surveillance promus par cette proposition de loi Sécurité globale. Mais il est tout aussi prioritaire de rompre avec les options sécuritaires désastreuses des quinze dernières années qui n’ont fait qu’exacerber les violences qu’elles sont censées réduire. La question policière, la gestion de l’ordre public et le choix de la désescalade doivent s’affirmer dans les priorités des acteurs d’une alternative politique, écologique et sociale.

De quelle police avons-nous besoin ? Notre sécurité ne dépend-elle que de la police ? Quelle volonté politique et quelles garanties judiciaires permettront la fin de l’impunité des violences policières et la défense des droits des victimes blessées, mutilées ou tuées ? Restrictions sur la liberté d’expression, la liberté d’information, la liberté de circulation… De quelle démocratie parlons-nous ? Quel rôle y occupent les forces de l’ordre ?

Arrêtons de recruter toujours plus de policiers et gendarmes, de vouloir « mettre du bleu dans les rues ». S’il y a des emplois publics à financer, affirmons l’impérative réorientation de l’action publique avec le déploiement prioritaire de moyens et de personnels pour le Logement, l’Éducation et la Santé dans nos territoires abandonnés par la République.

C’est pourquoi nous invitons chacun.e et tous les acteurs associatifs, syndicaux et politiques à soutenir et enrichir la voie de la désescalade et contre le déni de justice, à partir des premières revendications suivantes, complétant celles que nous avions adressées à la Défenseure des droits, le 5 août 2020.

POUR LA DÉSESCALADE, nous exigeons :

  • la mise en place d’un récépissé qui oblige les agents à justifier les contrôles d’identité qu’ils opèrent. La cour de Cassation a définitivement condamné l’État en 2016 pour les contrôles au faciès et pourtant ils perdurent.
  • la suppression du délit d’outrage et rébellion. Pour en finir avec les procédures abusives, le harcèlement quotidien et le « business des outrages ».
  • l’abrogation de l’article « Permis de tuer » L435-1 de la loi de sécurité intérieure du 28 février 2017 qui assouplit considérablement l’autorisation de tuer pour « légitime défense ».
  • l’interdiction des techniques d’immobilisation par étouffement : plaquage, pliage et clé d’étranglement.
  • l’interdiction des armes classées armes de guerre (LBD et grenades) et les pistolets électriques, par la police du quotidien comme lors des manifestations.
  • l’interdiction des parechocages et des courses-poursuites pour une infraction.
  • la suppression de l’usage massif des gaz et des encagements systématiques en maintien de l’ordre.
  • la mise en place de caméras dans les véhicules des forces de l’ordre.

CONTRE LE DÉNI DE JUSTICE, nous exigeons : 

  • la création d’un organe indépendant pour enquêter sur les plaintes pour violences commises par personne dépositaire de l’autorité publique.
  • le dépaysement systématique des affaires judiciaires traitant ces mêmes plaintes, sur le modèle de la proposition de loi déposée par la députée Elsa Faucillon le 4 février 2020.
  • la prise en charge par l’État d’une assistance psychologique pour les victimes et les parents de victimes de violences des forces de l’ordre, à partir d’une liste de praticiens choisis par les victimes.
  • la prise en charge complète par la Sécurité sociale et les mutuelles des soins et traitements médicaux nécessaires pour les blessures et mutilations occasionnées par les forces de l’ordre. La quasi-totalité des mutuelles refusent ces remboursements.
  • l’audition par le juge d’instruction de tous les témoins identifiés.
  • la mise à disposition aux parties civiles de tous les enregistrements audio et vidéo disponibles et leur restitution aux avocats des parties civiles.
  • l’encadrement et l’engagement plus stricts de la responsabilité des médecins intervenant lors des procédures policières.

ENFIN, pour la paix sociale, nous exigeons :

  • la radiation définitive des agents condamnés pour propos ou actes racistes.
  • la suspension immédiate des agents mis en cause pour homicide. Et leur radiation définitive après condamnation.

#JusticePourTous – #OnVeutLesVidéos – #PasDeJusticePasDePaix

Tribune collective signée par : Collectif Vies Volées, Ramata et Fatou Dieng et le comité Vérite et justice pour Lamine Dieng, comité Vérité et justice pour Gaye Camara, Yamina Djimli et le comité Vérité et justice pour Mehdi, collectif Dar Harraga, comité Justice et vérité pour Nicolas, Aurélie Garand et le collectif Justice pour Angelo, comité Justice pour Ibo, Awa Gueye et le collectif Justice et vérité pour Babacar Gueye, collectif Vérité et justice pour Hocine Bouras, collectif Selom Matisse, comité Justice pour Morad Touat, collectif Faty Koumba, Myriam Eckert et le collectif Contre Les Abus Policiers-Clap33, collectif Jaune Etc 33, collectif Justice pour Mehdi Bouhouta, comité Justice pour Liu Shaoyao, Justice pour Matisse, comité Justice et vérité pour Wissam El Yamni, comité Vérité et justice pour Mahamadou Marega, comité Vérité pour Curtis, Marie-Pierre, Marie-Noëlle, Martine et Lucie sœurs et cousine de Jérôme Laronze et l’association Justice et vérité pour Jérôme Laronze, Yamina Moulay du comité Vérité et justice pour Youcef Mahdi, Boubacar Dramé, Mélanie Ngoye-Gaham, Vanessa Langard, Antoine Boudinet et les Mutilés pour l’exemple, l’Assemblée des Blessés, Geneviève Legay, collectif Cases Rebelles, La Meute Photo, comité Vérité et justice 31, Collectif Œil, Les Réfractaires du 80 ,  [en cours…]